Résumé
En 1908, éclate une polémique autour d’un projet urbain du Conseil Général de la Seine soutenu par la Ville de Nogent-sur-Marne. Celui-ci prévoyait la construction d’un boulevard destiné à contourner et à désengorger le centre-ville de Nogent et à améliorer la circulation entre Paris et les villes de l’est parisien.
Madame Anne-Léontine Smith ne souhaitant pas voir sa propriété du 14-16 avenue Charles-VII défigurée par ce projet, et cherchant à empêcher le morcellement de l’immense parc attenant, invoque alors la mémoire du peintre Watteau qui a passé ses derniers jours à Nogent et serait décédé dans sa propriété …
Polémique : mais où est donc mort Watteau ?
La pièce s’intéresse à la controverse qui opposa les élus Pierre Blanchon, conseiller général de la Seine et Emile Brisson, le maire de la ville, aux Smith et à Pierre Champion. Celui-ci joua un rôle déterminant pour empêcher la réalisation de ce projet de boulevard en mettant tout son poids d’historien-paléographe dans la balance pour protéger les lieux où le peintre Watteau aurait fini ses jours. Pour mener son combat, il active ses réseaux, ses amis intellectuels, journalistes et écrivains : Anatole France, Pierre Louÿs, les frères Tharaud, Jules Claretie, Aristide Briand… Les élus surpris par l’ampleur de la polémique alimentée par la presse, se lancent dans la bataille et vont tout tenter pour contrer leurs adversaires. Face à cette levée de boucliers, ils n’hésiteront pas à remettre en cause la thèse selon laquelle le peintre aurait fini ses jours dans la propriété des Smith.
Arguments pour ou contre
Les arguments des pro-boulevards s’appuient sur des valeurs de progrès social et de développement économique, tandis que les opposants mettent en avant des enjeux inédits à la Belle-Epoque, tels que la protection de la nature (parc des Smith et côteau du Val de Beauté) et du patrimoine culturel immatériel (la mémoire du peintre Watteau). Une nouvelle loi datant de 1906 de protection des sites exceptionnels à caractère artistique vient conforter la position des Smith, qui demanderont aux autorités le classement de leur propriété à ce titre.
Démocratie
L’Affaire du Boulevard Blanchon met en lumière la vie institutionnelle (liens commune-département de la Seine-Etat, Commission du Vieux-Paris…), politique (parti radical divisé) et démocratique (élections municipales de 1908, pétition, émergence de la presse…) de la IIIème république.
Le rôle de la presse
Véritables fils rouges de la pièce, les journalistes ont un échange direct avec le public. Ils relaient l’information au fur et à mesure du déroulement des évènements, posent des questions et harcèlent les élus. Dubitatifs, indécis puis sceptiques, la plupart d’entre eux finiront par soutenir la cause des opposants au projet de boulevard.
Du procès théâtral à la farce
Avec l’inévitable expansion urbaine de la banlieue parisienne, c’est une société en pleine ébullition qui s’affronte et règle ses comptes. La pièce en cinq actes suit la chronologie des évènements, en s’appuyant sur les documents administratifs (actes de vente, plans), la correspondance des protagonistes, les articles de presse et les archives. Postures sociales ou politiques, polémiques et mises en accusation publiques, L’affaire du boulevard Blanchon a tous les ingrédients d’un procès théâtral, d’une farce féroce et sans merci.
Vidéos de répétitions
Extraits vidéos en représentation
(filmés depuis la salle)
Dossier
Annonce du Théâtre A.Watteau
Les pièces “Smith-Champion”
Depuis 2014, Philippe Eretzian a écrit plusieurs pièces autour de l’histoire de la famille Smith, propriétaire de 1865 à 1944 de deux grandes demeures des XVIIe-XVIIIe siècles et du grand parc attenant, de l’avenue Charles VII à Nogent, actuellement Maison Nationale des Artistes et Maison d’Art Bernard Anthonioz : Hôpital Auxiliaire 73, Madeleine et le Maître, Une balade au Paradis, Jeanne au Jardin, La Maison de Watteau, L’inventaire et L’Affaire du Boulevard Blanchon.
Ci-dessous les articles relatifs aux autres pièces liées à la famille Smith et Pierre Champion.
Historique du projet
En 2019, la ville de Nogent-sur-Marne commande un projet d’écriture devant évoquer la mémoire du peintre Watteau, la rencontre entre l’artiste peintre Madeleine Smith et l’historien Pierre Champion et le contournement du centre-ville : le boulevard dit “Blanchon” qui devait couper en deux la propriété des Smith et qui fit grand bruit à l’époque. Ce travail donne naissance à La Maison de Watteau, trilogie de pièces (La Maison de Watteau, L’inventaire et L’Affaire du Boulevard Blanchon).
La première phase se concrétise par la lecture publique d’extraits des deux pièces L’inventaire (rencontre Madeleine Smith -Pierre Champion) et l’esquisse de L’affaire du Boulevard Blanchon, dans la Bibliothèque Smith-Lesouëf, tout juste rénovée.
L’année suivante, la Scène Watteau propose à la Cie de mettre à l’épreuve du plateau, trois pièces en cours de montage dont L’Affaire du boulevard Blanchon, dans le cadre de la Fabrique des Arts (automne 2020). Cette seconde phase de création permet l’aboutissement de l’écriture de la pièce dans les mois qui ont suivis cette expérience créative.
En juillet 2021, le théâtre commande la création L’affaire du Boulevard Blanchon, qui sera programmée en janvier 2022, à l’occasion du tricentenaire de la mort du peintre et de la réouverture du théâtre sous le nom “Théâtre Antoine Watteau”: deux représentations sur le grand plateau et deux lectures publiques (Bibliothèque Smith-Lesouëf et Maison Nationale des Artistes). L’auteur-metteur en scène est intervenu en établissements scolaires (Watteau, Saint-André, Paul Doumer) en amont de la scolaire (axe culturel du projet).
LA MAISON DE WATTEAU
L’Affaire du Boulevard Blanchon est le troisième volet de la trilogie La Maison de Watteau. Cette trilogie comporte les pièces La Maison de Watteau ou le Fantôme du Val et L’Inventaire.
La Maison de Watteau ou le Fantôme du Val
Cette courte pièce introduisant L’Inventaire et Blanchon, se compose de deux tableaux. Le premier ressuscite le peintre valenciennois dans ses dernières heures. Au début de l’été 1721, se sachant mourant, Watteau veut jeter au feu ses toiles. Pour échapper à ses démons, il erre dans le Val de Beauté.
Le second tableau nous projette en 1865. Mme Smith assiste à l’inauguration d’un monument érigé à la gloire du peintre disparu 145 ans plus tôt, en présence du maire, l’érudit marquis de Perreuse et quelques célébrités de l’époque.
L’Inventaire
Revient sur la rencontre entre Pierre Champion et Madeleine Smith, en 1907 lors de l’inventaire de la collection de l’oncle maternel Auguste Lesouëf (disparu en 1906). Cette riche collection fut essentielle dans la négociation qui suivit entre les Smith et l’Etat, pour empêcher la construction du dit boulevard Blanchon.
Cette pièce tendre et intimiste a pour cadre la bibliothèque d’un grand appartement du boulevard Beaumarchais où vivait l’oncle Auguste, décédé dans un accident de la circulation. Mme Smith décide de faire appel au jeune historien, archiviste- paléographe pour établir le catalogue de la prestigieuse collection de son frère, dont elle vient d’hériter. Madeleine et Jeanne prêtent main forte. L’attirance est immédiate entre la fragile artiste peintre et le timide historien, mais plusieurs obstacles se présentent. Pierre lutte contre son sentiment de peur d’être accusé de vouloir faire un mariage d’intérêt avec une riche héritière. Madeleine, qui se remet tout juste de son histoire amoureuse passionnée et de son mariage avorté avec le peintre Henner, de 35 ans son aîné, n’ose s’engager avec le jeune homme de 26 ans, effrayée par les seize ans qui les séparent…
L’Affaire du Boulevard Blanchon
Ecriture et mise en scène : Philippe Eretzian
10 comédiens sur le plateau
durée : 1h40